Quelle mesure de rentabilité retenir sous solvabilité 2 ?

Quelle mesure de rentabilité retenir sous solvabilité 2 ?

Quelle mesure de rentabilité retenir sous solvabilité 2 ? 150 150 Prim'Act

L’entrée en application de la Directive Solvabilité 2 conduit à modifier progressivement le mode de fonctionnement des compagnies d’assurances, notamment le processus d’analyse de l’opportunité du lancement d’un nouveau produit d’assurance. Basée principalement sur le calcul du retour sur fonds propres de l’opération, le passage de solvabilité 1 à solvabilité 2 conduit progressivement à passer d’une étude de ROE (mesure pragmatique, fortement linéaire et facilement compréhensible) à une étude de type RORAC (plus proche du risque inhérent au produit mais plus complexe à calculer, à utiliser et à appréhender).

Il est à noter qu’au delà du «simple» changement de processus, ce changement de référentiel peut conduire à modifier l’ordre de profitabilité des produits d’assurance (ou des assurés). En effet, les calculs de ROE peuvent se schématiser comme le rapport entre une espérance de rendement et un montant globalement forfaitaire. Ainsi, un produit à queue épaisse présentera une rentabilité élevée sous solvabilité 1 mais verra son intérêt fortement dégradé sous solvabilité 2 (le cas des contrats d’épargne a beau être à part, ce point n’en sera pas moins marqué). La mise en place d’un processus de création de produit dans le référentiel Solvabilité 2 est un processus complexe (modification des outils, des process), dont l’étape liminaire est la sélection d’une métrique. 

Numero IndicateursCette dernière est alors choisie sur la base des critères suivants : 

  • capacité à refléter pleinement la rentabilité du produit;
  • capacité à s’adapter à tous les produits de la compagnie;
  • stabilité temporelle et l’interprétabilité des évolutions.

Schématiquement 4 métriques sont envisageables et peuvent s’analyser de la façon suivante.

 

Si l’indicateur numéro 1  est le plus simple à mettre en place il convient de noter les deux points suivants : 

  • il ne retient que la première année de résultat
  • il n’intègre pas de coût lié à l’immobilisation des fonds propres.

Si ces deux points ne sont pas pénalisants pour des produits à faible duration (l’indicateur constituant alors un bon proxy de rentabilité globale et le coût d’illiquidité demeurant faible) il n’en est rien pour des produits à duration élevée. Ceci peut donc conduire (afin de respecter la contrainte d’adaptabilité à l’intégralité de la compagnie) à se tourner vers des métriques plus complexes comme les n°2 et 3.

Les métriques 2 et 3 peuvent s’analyser de la sorte

  • elles complètent la métrique 1 en retenant la rentabilité globale
  • elles corrigent la problématique liées à la prise en compte du coût d’illiquidité : partiellement pour la n°2 (au travers du CRNHR), plus proprement pour la n°3 via le CRNHR et la VAN de SCR.

Si ces deux métriques semblent pertinentes, elles présentent cependant un léger inconvénient car elles ne permettent pas de différencier deux produits dont les chroniques de rendement ne suivent pas de relation d’ordre (la chronique de l’un est systématiquement supérieure à l’autre, ce que nous pourrions appeler « sur rentabilité forte« ). Ainsi, si l’on vient à supposer que les produits A et B présentent les chroniques de rendement présentées dans le graphique suivant (et des besoins de fonds propres similaires), alors les métriques 2 et 3 les considéreront comme identiques.

Exemple de chroniqueCe point est similaire à la problématique rencontrée lors de l’analyse de deux courbes ROC qui est souvent résumée à l’analyse de l’AUC. Si cette limitation peut apparaître relativement forte, il convient de noter que :

  • la notion de « sur rentabilité forte » est quelque chose de rare (les chroniques de rendement de produits quelconque ayant plutôt tendance à se croiser comme les produits A et B)
  • pour les besoins de communication (interne comme externe) il est obligatoire de résumer l’information sous la forme d’un chiffre unique et non d’une courbe.

L’espérance des rendements actualisés constitue alors un bon proxy d’analyse de la rentabilité et les métrique 2 et 3 des bons indicateurs de retour sur fonds propres. 

Si jamais la non prise en compte des chroniques constitue un point rédhibitoire pour la compagnie, elle peut alors se tourner, avec prudence, vers la métrique n°4. La notion de prudence est ici importante car il ne faut pas oublier le point suivant : la chronique est avant tout construite sur la base d’hypothèses économiques (évolution de la structure par termes des taux d’intérêts), démographiques (évolutions de la chronique d’évolution de la mortalité du portefeuille) et business (rachat et modification de la réglementation). Aussi la pertinence de la chronique au-delà de 5 années(*) de projection reste à discuter (voir deviendra rapidement discutable).

(*) choix relativement arbitraire correspondant à la durée maximale d’utilisation d’une table d’expérience (la durée dépendant des risques et du produit).

In fine, le choix d’une métrique unique semble délicat. Retenir une approche mixte semble peut être préférable : 

  • métrique n°2 ou 3 afin de présenter une vision globale de la rentabilité des différents produits
  • 5 premières années de la chronique
  • Point mort issu de la chronique complète.

Une fois ce point solutionné, il restera (entre autre) à vérifier sa capacité à s’adapter à l’intégralité du passif de la compagnie, mesurer sa stabilité temporelle puis discuter du besoin de fonds propres à retenir (SCR, BGS , solo ou groupe, net de marges futures…).


Source: Primact

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