Dans ce précédent billet, la mortalité en France pour l’année 2020 a été rapprochée de celle des années 2018 et 2019. On prolonge ici cette analyse en mettant en perspective l’évolution du taux de mortalité global en France depuis 1982.
On obtient le graphique suivant ;
Orienté à la baisse de 1982 à 2004, le taux de mortalité de la population française augmente depuis chaque année. Ce taux est en effet déterminé par deux éléments évoluant en sens inverse : la mortalité à un âge donné, qui baisse tendanciellement de manière assez régulière depuis les années 1950 (et avant en enlevant les guerres) et la structure par âge de la population, dans laquelle le poids des personnes plus âgées croît. Depuis le début des années 2000, l’effet de vieillissement de la population (de l’ordre d’un cinquième d’année par an) l’emporte (cf. sur ce point le travail de F. Grouhel accessible ici). L’effet du vieillissement induit, toutes choses égales par ailleurs, une augmentation du taux de décès moyen annuel entre 0,6 et 0,8 %.
On note que la mortalité globale en France est au niveau de celle de l’année 1986. Comme en 1986 la population était en moyenne 6 ans plus jeune qu’en 2020, on en déduit que les taux de mortalité à chaque âge étaient plus élevés que ceux de 2020. En d’autres termes, le risque de mortalité d’un individu est, en 2020, plus faible, toutes choses égales par ailleurs, qu’en 1986. Pour ceux qui sont assez âgés pour avoir vécu en 1986, la situation sanitaire de l’époque, pas si ancienne finalement, n’apparaissait pas mauvaise… L’aversion au risque des individus a vraisemblablement augmenté au cours des dernières années.
Enfin, lorsque l’on examine les variations annuelles du taux de mortalité, on observe une volatilité assez forte :
La déviation de l’année 2020 est du même ordre que celle de 2004, année où la mortalité a été sensiblement plus basse du fait de l' »effet moisson » de la canicule de 2003. On voit également la tendance à l’augmentation du taux de décès moyen, augmentation qui s’accélère avec le temps du fait de la convexité de la table de mortalité.
Au global, la mortalité de l’année 2020, si elle est sensiblement plus élevée que celle des années précédentes, n’atteint pas des niveaux catastrophiques.
Source: Primact